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11:00-12:15 IDFA presents: "Amsterdam reconstruction" (2007, 20’, NL, Jérôme Schlomoff), Photo & Copyright by G.P. Fieret (2009, 50’, NL, Frank van den Engel)
Unseen Cinema is free for passe-partout and day-ticket holders. Other visitors can buy tickets for €5 at the entrance of Het Ketelhuis. Reservations not possible.
L’intelligence formelle. Artist by Artist , actualités du Principe d’Apelle
« Protogène habitait Rhodes ; Apelle, ayant débarqué dans cette ville, fut avide de connaître les oeuvres d’un homme qui ne lui était connu que de réputation. Incontinent, il se rendit à son atelier ; Protogène était absent, mais une planche de grande dimension était préparée sur un chevalet, et il n’y avait là d’autre gardien qu’une vieille femme. Celle-ci répondit que Protogène était sorti et, pour le transmettre, demanda le nom du visiteur. “Le voici”, dit Apelle et, saisissant un pinceau, il traça avec de la couleur en travers de la planche une ligne d’une extrême finesse. Protogène de retour, la vieille lui raconta ce qui s’était passé. L’artiste, dit-on, ayant contemplé la délicatesse du trait déclara que c’était Apelle qui avait dû venir ; nul autre n’était capable d’un travail aussi parfait. Lui-même alors, avec une autre couleur, traça un filet plus mince encore et sortit en recommandant à la vieille, si l’étranger revenait, de le lui faire voir et de lui dire : “voilà celui que vous demandez”. C’est ce qui arriva, Apelle revint et, rougissant d’être surpassé, avec une troisième couleur, il refendit encore les deux lignes par une autre qui ne laissait place à rien de plus fin. Protogène, s’avouant vaincu, vola au port à la recherche de son hôte. Il voulut que l’on conservât telle quelle pour la postérité cette planche destinée à faire l’admiration de tous, et surtout des artistes (sed artificum). J’entends dire qu’elle a péri dans le premier incendie qui consuma le palais des Césars sur le Palatin. J’ai vu jadis cette planche ; elle ne contenait rien sur sa vaste surface que des lignes qui échappaient à la vue au milieu de beaucoup d’ouvrages remarquables. Elle paraissait vide, mais par cela même, elle attirait le regard et devint plus célèbre que tout autre morceau. »
Le récit de Pline (Histoire naturelle, Livre XXXV, 81) établit l’archétype de plusieurs principes esthétiques dont on constate la constance dans l’histoire de l’art : la suprématie de l’absence, l’Aufhebung (dépassement) qui certifie la virtuosité, l’évidence réciproque qui règne entre des créateurs de formes découvrant leurs oeuvres respectives et se reconnaissant sans avoir besoin de se connaître. C’est pourquoi les observations d’un artiste sur les initiatives d’un pair contemporain constituent l’une des sources les plus vives pour l’histoire des idées. Pensons à Stendhal alimentant son ”romantisme furieux” à la lumière de ses lectures et rencontres avec Byron, à Inuhiko Yomota se levant tôt le matin pour écrire parce que Lawrence Durrell un jour lui a demandé, ”combien d’aubes as-tu vu dans ta vie ?”, aux textes de Jordan Belson sur son ami Harry Smith, à la lettre de Jean-Luc Godard, en novembre 1990, réactivant l’ancien concept de “beauté naturelle” pour rendre compte des effets de transparence contemplative produits par les films de Philippe Garrel…
Les présentations ici proposées participent de ce lien si précieux, l’intelligence formelle, le principe d’Appelle. Questions de style, enjeux de classe : parfois la reconnaissance protège, car bien loin des ors et des privilèges, les artistes souvent appartiennent au lumpenprolétariat (Marcel Hanoun), aux marges menaçantes (Otto Muehl repris de justice), ou inversement, se mettent au service des êtres les plus fragiles et menacés (Jean-Michel Alberola et les paysans japonais). Franchissant les frontières générationnelles, géographiques et disciplinaires, le cinéaste américain Richard Kern se voit introduit par le cinéaste argentin Gaspar Noé, le peintre et performer autrichien Otto Muehl mis en perspective par le compositeur corse Frédéric Acquaviva, le plasticien cinéaste Jean-Michel Alberola commenté par la plasticienne vidéaste Marylène Negro. À quoi s’ajoutent les observations fixées sous forme audiovisuelle, les ”entrefilms”, pour reprendre le terme si judicieusement forgé par l’auteur de Addio Lugano Bella (2000) : la suisse-italienne Francesca Solari travaillant avec, pour et sur Marcel Hanoun, le photographe et cinéaste Jérôme Schlomoff tressant plusieurs modalités du portrait pour réaliser celui du peintre et cinéaste hollandais Henri Plaat, le cinéaste et vampler (“vidéosampler”) américain James June Schneider parti sur les traces bretonnes du polonais Jean Epstein.
Comme d’autres de Lech Kowalski, Mati Diop, Stephen Dwoskin, Catherine Corringer, Clarisse Hahn, Abderrahmane Sissako, Taysir Batniji, Christelle Lheureux, João Nisa, Jérémy Gravayat, Emmanuelle Demoris, Philippe Parreno, Yervant Giniakian & Angela Ricci Lucchi etc, les films de Jérôme Schlomoff, Francesca Solari, Marcel Hanoun et James June Schneider ont été soutenus par la Commission Image/Mouvement du CNAP au cours de l’exercice 2009-2011. Parallèlement, Image/Mouvement sera fêté par Jacky Evrard au Ciné 104 à Pantin.
New pinhole movie- English version below French presentation -
image extraite du film sténopé "Marbre" - 2010
« Marbre »
Un film de Jérôme Schlomoff
Une œuvre de Marc Couturier
Production
Films de l’impatience & Paraíso production
Avec le soutien du Centre National des Arts Plastiques
Aide Image/Mouvement 2009
Assistant à la réalisation
Nicolas Fenouillat
Note technique
Film sténopé 35mm.
Noir & blanc – muet.
Durée 8’:13’’.
Support de diffusion Beta Dig (format SD).
ou fichier QuickTime HD.
« Marbre »est une œuvre de l’artiste français Marc Couturier, de 1999, faisant partie de la série : « Redressement ».
Elle se présente sous la forme de deux blocs de marbre de Carrare juxtaposés au sol (chacun au format 30X42 sur 12 cm de haut). Sur celui de gauche sont empilés 375 lavis à l’encre de chine sur papier bouffant (au même format 30X42).
Accéder à l’appréhension intégrale de l’œuvre consiste à feuilleter ce « livre » de dessins représentant 375 bouquets de fleur dans leur vase. On comprend la difficulté de faire vivre au public cette expérience dans un musée.
Ce film met scène, en un plan fixe, l’artiste entrain de nous offrir cette expérience. Son accomplissement filmé devient une performance éphémère de l’artiste ayant valeur de portrait de l’œuvre et de l’artiste.
Note sur l’œuvre
2 marbres de Carrare,« deux pierres tombales laissées pour compte chez un marbrier. J’ai fait retirer le nom gravé, sans vouloir le connaître. Je rends ainsi hommage à une personne anonyme, comme dans une sorte de « Redressement » empreint de gravité, au propre car le marbre est lourd, comme au figuré ». MC.
"Marbre" dans l'atelier de Marc Couturier - 2001
375 dessinsreprésentant chacun un bouquet de fleur dans un vase. Chaque bouquet et chaque vase est différent. Mais dans la répétition du geste, et avec l’aide des aléas propres au lavis, les mêmes images semblent resurgir, comme autant de fantômes qui hantent notre mémoire visuelle tel un « Memento mori »…
"Marbre" dans l'atelier de Marc Couturier - 2001
L’expérience de feuilleter ces 375 bouquets de fleur, d’une pierre tombale à l’autre, évoque un sentiment de passage de la vie à la mort.
Note sur le film
« Le film crée la performance.
Le film témoigne de la performance.
Le film est performance ».J.S.
Voir défiler, des mains de l’artiste, les 375 bouquets de fleurs, comme autant de portraits fantômes, d’une pierre tombale anonyme à l’autre, et à la cadence d’une image toute 4 les secondes, à cause de l’utilisation d’une caméra sténopé 35mm, tel est le postulat de départ.
extrait du film sténopé : "Marbre" - 2010
Ce film sténopé s’appuie sur ses propres contraintes techniques, et plus particulièrement celles liées à la notion d’espace / temps.
Une fois l’œuvre installée au sol et le cadrage réglé, j’ai estimé le champ de vision du plan fixe (car il n’y a pas de viseur sur cette caméra).
J’ai indiqué à Marc Couturier la trajectoire circulaire (de gauche à droite), qu’il devait suivre pour venir tourner les pages, et re-sortir du cadre, puis pour revenir de nouveau. Le tout, en me laissant le temps de capturer à la volée suffisamment d’images à chaque fois.
J’ai demandé à Marc de faire tout ça lentement, afin de laisser une chance au film de capturer un peu de son image mobile, rendue fantomatique par les aléas de la lumière & du temps de pose. Puis nous avons commencé. Pour chaque exposition, je comptais 3 secondes à voix haute pour marquer la mesure*.
Nous nous sommes arrêtés 2 fois 5 minutes, entre 14h00 et 19h00. La totalité du plan dure 59’’ et 19 images. Le montage final, résulte d’un ralenti à 14%, il dure 6’54’’ et 16 images (hors générique). C’est de cette contraction et dilatation du temps que naît la poésie de ce film, associée aux aléas des temps de poses dont on ne contrôle pas toujours l’effet sur les mouvements. Cette autre contrainte ressemble à celle de la technique du lavis où l’on ne contrôle pas toujours la propagation de l’encre de Chine, surtout sur un papier bouffant.
·*Note sur la performance de Nicolas Fenouillat.
·Lorsque je filme, j’ouvre et je ferme manuellement l’obturateur de la caméra en respectant le temps de pose, puis j’avance manuellement le film d’une vue etc… Pour compter 3 secondes il m’est plus facile de compter dans ma tête des hippopotames que de regarder ma montre, ou de manipuler en plus un chronomètre, afin de respecter la seconde. C’est le temps de prononcer le nombre de syllabes du mot « hi-po-po-ta-me » qui permet de respecter le temps d’une seconde. Pour ce tournage, j’ai compté à voix haute pour donner la cadence à Marc Couturier, ce qui veut dire que j’ai prononcé pour chaque image (soit 1494 fois): « 1 hippopotame, 2 hippopotames, 3 hippopotames », soit 4482 fois le même mot. Evidement, au bout d’un moment la langue fourche, ou l’on a tendance à écraser une partie de la prononciation, ou parce que la bouche s’assèche le mot « s’ensable »…
De son côté, Nicolas Fenouillat**- un ami artiste et musicien - à qui j’avais demandé de bien vouloir m’aider à la réalisation de ce film, avait entre autres, l’ingrate mission de compter dans un cahier le nombre de vue réalisé. Il était condamné à tracer des bâtons, comme un prisonnier compte les jours sur les murs de sa cellule. Je ne le voyais pas directement, il était assis un peu en retrait sur ma droite. Mais je voyais qu’il n’arrêtait pas d’écrire par moments. Je me demandais bien ce qu’il pouvait écrire en plus des bâtons. A mon retour à Amsterdam il m’a envoyer par mail la copie des notes techniques, suivie de la liste de ce qu’il a entendu, à la place des hippopotames, à l’écoute de mon décompte parfois déformé…
Lit au vietnam
C'est pour Gotam
C'est pour Batman
one's upon a time
lit au bottom
livre au Potter
livre au total
lire au vietnam
lit bogotan
crois si notre dame
effort à table
en plusieurs étapes
seconde de table
énorme dame
écran total
niveau totem
nouveau totem
Nikko cartable
pas possible
éco normal
impôt comptable
zippo cota
c'est redoutable
dépôt comptable
livre d'arme
livre d'âmes
livre d'art
redoutable
éco normale
livre de femme
école de Parme
sur mon portable
zippo aimable
hyppocampe time
Avec Marc Couturier, nous avons pensé que cette liste devait faire partie du film d’une certaine manière, comme un témoignage sur le film. Nous avons invité Nicolas Fenouillat à réaliser en retour sa propre performance en ouverture du film.
Cette performance consiste en un solo de batterie composé et joué par Nicolas fenouillat, tout en disant à voix haute cette liste.
Le rythme musical, faisant échos au rythme du tournage, donnera une autre dimension à la projection de ce film muet.
L’énonciation de l’écoute déformée, faisant échos aux images déformées de la caméra sténopé, donnera une autre dimension poétique à la projection de ce film fantomatique...
“MARBRE” A film by Jérôme Schlomoff An art work by Marc Couturier
Production : Films de l’impatience & Paraíso production. Supported by Centre National des Arts Plastique - commission Image/mouvement 2009.
AssistantNicolas Fenouillat
Technical note Pinhole movie / 35mm / Black & white / Silent movie / duration 8’:21’’ / Year of creation 2010 / Screening format : Beta Digital.
« Marbre » is a work of the French artist Marc Couturier, of 1999, belonging to the series: « Redressement » (Rectification). It is appeared as two blocks of Carrara marble juxtaposed on the ground (each one measuring 30X42 on 12 cm in height). On that of left 375 washings with the China ink on puffing out paper are piled up (30X42 format).
To reach the integral apprehension of work consists in dividing into sheets this “book” of drawings of 375 bunches of flowers in their vase. One understands the difficulty in making live with the public this experiment in a museum.
This film puts to scene the artist spirit to offer this experiment to us. Its filmed achievement becomes a transitory performance of the artist having value of portrait of work and the artist.
Note on work
2 two tombstones of Carrara marble “left for account in a monumental mason. I made withdraw the engraved name, without wanting to know it. I pay homage to an anonymous person thus, as in a kind of « Redressement » (Rectification) impresses of gravity, with clean because the marble heavy, as in is illustrated”. Marc Couturier.
375 drawings representing each one a bunch of flowers in a vase. Each bunch and each vase are different. But in the repetition of the gesture, and with the assistance of the risks specific to the washing, the same images seem to re-appear, as many phantoms which haunt our visual memory such a “Memorandum mori”…
The experiment to divide into sheets these 375 bunches of flowers, from one tombstone to another, evokes a feeling of passage of the life to death.
Note on film
The film creates the performance. The film testifies to the performance. The film is performance.
See to ravel, by the hands of the artist, the 375 bunches of flower, like as many phantom portraits, from one anonymous tombstone to another, and at the rate of an image all the 4 seconds, because of the use of a pinhole camera 35mm, such is the starting postulate.
This pinhole movie is based on its own technical constraints, and more particularly those related tothe concept of space/time.
Once the work installed on the ground and set framing, I estimated the field of view of this fixed plan (because there is no viewer on this camera).
I indicated to Marc Couturier the circular trajectory (from left to right), that it was to follow to come to turn the pages and to arise from the framework, then to return again, while leaving me time to capture, in same time, sufficient images each time.
I asked Marc to do all slowly, in order to leave a chance at the film to capture a little bit of his mobile image, made ghostly by the risks of the light & the exposure time. Then we started. For each exposure, I counted 3 seconds with high voice to mark measurement. We stopped 2 times 5 minutes, the totality of the plan holds on a 35mm reel of 30 meters.