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LABEL IMPATIENCE - JEROME SCHLOMOFF - Page 43

  • PHOTOJOURNAL (sans photo autre que les mots)

    281106

    « Ma voix aura le dernier mot »

    C’est la Mairie de Paris qui vous le fait dire et peut-être penser, avec sa campagne de communication pour vous inciter à vous inscrire pour voter à la prochaine Présidentielle. Belle leçon de démocratie ! Quel civisme que cette réclame…

    « Ma voix aura le dernier mot »

    « Pas sûr » moi je dis. Je vois mal comment ma voix peut avoir le dernier mot si je n’ai pas voté pour le candidat élu. Soyons raisonnables, et qu’en pense le Bureau de Vérification de la Publicité (BVP) ? Rien. Sans doute, le géni de nos publicitaires « devarrieuxvillaret » (ils s’y mettent à deux pour dire cette connerie, et comme pour mieux la soutenir la signe d’un seul mon réunissant les deux, sans espace, sans trait d’union…) leur géni est dans le « Ma » de « Ma voix aura le dernier mot », inscrit dans une bulle de bande dessinée . Ici c’est vous qui le dite, pas la Mairie, donc c’est inattaquable.

    Je ne comprends pas non plus le choix de cette formule de la langue française qui implique un rapport de force, avec au moins deux personnes qui discutent entre elle… Mais avec qui parlez-vous dans l’isoloir ? Non soyons sérieux.

    Douteuse confusion. D’un côté nous avons l’un des rares exemples de la langue française où la notion de dernier exprime la victoire, dans le choix de cette formule empruntée (avoir le dernier mot), sans même se préoccuper, de l’autre côté, du sort des perdants (ceux qui n’auront pas eu le dernier mot). Ça risque de provoquer un gros pourcentage de névrose d’échec, en augmentation, au lendemain du résultat. Je vois d’ici, la déception de la voix qui n’aura pas su lire la réclame certaine d’avoir le dernier mot, comme promis. Et l’incompréhension que c’est, comme un lendemain de cuite.

    Bon, Il ne faut pas déconner. Il faut juste aller s’inscrire & aller voter.

    Faire de la photographie, c’est aussi apprendre à lire…





    PS : Même si je fais des fautes d’orthographe de temps en temps…

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  • PHOTOJOURNAL (sans photo autre que les mots)

    261106

    Faites en vous-même l’expérience de l’homme invisible.

    J’avance droit au milieu de la foule. De préférence je prends une rue où il y a beaucoup de monde. Je fixe mon regard loin devant. Je me force à regarder, en amont, des pieds à la tête chaque personne que je croise. Je garde même pour chacun un d’eux un détail (le plus souvent insignifiant) en mémoire tout en contrôlant le regard de l’ensemble de cette foule que je transperce d’un pas agile. Je passe en mode :« vision périphérique ». Ça devient excitant. Parce que je peux voir, en même temps, tous les visages que mon champ de vision englobe à présent. Au fur et à mesure, que je remonte ce flot de regard anonyme, j’ai la sensation de devenir invisible. C’est incroyable. Dans cet effort à croiser un regard éventuel, je ne croise que des têtes baissées, des regards ailleurs, ou dans de bien trop lointaines discussions (avec eux-mêmes ou à 2, à 3…). Je ne croise aucun regard qui pourrait dire qu’il m’a vu. Le pas devient agile car il faut même savoir esquiver d’un pas rapide sur le côté tellement on n’a pas été vu. Les corps se frôlent, et toujours aucun regard ne trahit ma présence au monde. L’impression d’être invisible. Et pourtant je suis grand dans une foule, je ne dois pas passer inaperçu. Et je continu. J’avance. Et je continu, j’observe tous ces visages du coin de l’œil, comme un scanner aucun ne m’échappe, je balayai tout du regard et rien ne me parle. Je pourrai aussi ne pas être là, ça n’y changerait rien à leur déambulation à eux.

    Mais que regardent-ils ?

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  • Palmarès du festival Les Ecrans Documentaires - Arcueil 2006

    Palmarès
    Après de longues délibérations, voici les films primés pour les différentes compétitions ouvertes cette année.

    PRIX PREMIER GESTE LONG
    Le cercle des noyés, de Pierre Yves Vandeweerd (75 min – 2006)
    mention spéciale à L’Europe après la pluie, de Jérémy Gravayat (50 min – 2005)
    Jury composé de Olivier Bruand (GNCR), Brahim Fritah (cinéaste), Fanny Guiard (FUTURIKON), Jérôme de Missolz (cinéaste)

    PRIX PREMIER GESTE COURT
    ex-aequo:
    Eut-elle été criminelle, de Jean-Gabriel Périot (10 min – 2006)
    Zone of initial Dilution, de Antoine Boutet (30 min – 2006)
    mention spéciale à New York zéro zéro, de Jérôme Schlomoff (21 min – 2006)
    Jury composé de Raphaël Bassan (critique de cinéma), Antonie Bergmeier (MAC/VAL), Jean-Paul Fargier (cinéaste et critique), Leslie Lagier (cinéaste)

    PRIX de l'association SON ET IMAGE
    L'autre matin...en attendant Mario Rigoni Stern, de Jean-François Neplaz (12 min – 2006)
    La prisonnière du pont aux Dions, de Gaël Lépingle (27 min – 2005)
    Histoire d'oeufs, de Emmanuel Roy (43 min – 2006)
    décerné à l’un des films inscrits en compétition et programmé dans ou hors-compétition, par des membres de l’association Son et Image, organisatrice du festival Les Ecrans documentaires.

    PRIX DU MOULIN D’ANDÉ
    Chroniques, de Clément Cogitore (30 min - 2006)
    décerné par Fanny Guiard, cinéaste, réalisatrice d’un long métrage de fiction en résidence d’écriture au Moulin d’Andé.


    Pour info : http://www.lesecransdocumentaires.org/2006/palmares.html

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  • PHOTOJOURNAL (sans photo autre que les mots)

    251106

    Depuis hier l’abrutissement que c’est le néon rouge de la vitrine de droite au numéro 12. Il clignote de façon intempestive. Dans la journée, cela ne semblait pas attirer l’œil de grand monde, sauf que moi j’avais l’impression d’un after hour qui n’en finissait plus depuis mon atelier, et j’attendais la nuit pour voir l’animation de Noël que ça aller être. Dans cette si petite rue un seul néon qui se met à clignoter et c’est la fête pour toute la rue. La fille en dessous du néon, elle était impassible, pas un mouvement, jambes croisées en appuis très vertical du tibia le pied chaussé posé sur le rebord de la vitrine. A côté, L’autre vitrine au même numéro 12 car ils l’ont coupé en deux ce rez de chaussé pour y mettre deux filles que sépare une cloison si fine qu’elle semble n’avoir qu’un côté, c’est commode pour se parler entre deux clients (je me demande comment ça fait quand c’est en service là dedans, le bruit je veux dire…). L’autre fille, donc, jambes pareillement croisées laissait son pied pendant gigotté de façon si aléatoire que par moment son pied était en cadence avec le néon de sa voisine. La nuit tombée l’agacement parvient à l’impassible occupante et c’est la femme qui à pour mission de faire le ménage le matin qui est venue changer le néon. Comme quoi, il a fallu, en effet, attendre l’obscurité pour percevoir la lumière agaçante. Si seulement cette fille, qui semble s’ennuyer ferme toute la journée dans l’attente du client, avait levé les yeux au ciel un instant elle aurait pu remarquer ce disfonctionnement, et elle n’aurait pas dérangé la nuit l’autre femme avec son escabeau.

    Tout est calme ce matin. Mais vers midi, une sale lumière grise et sourde s’est abattue sur la vile. Je n’aime pas cette lumière, elle est trop lourde de son absence. L’œil a du mal à respirer, surtout sous la visière de la casquette indispensable en cas de pluie pour mettre les verres de lunette à l’abri des gouttes. Je déteste les gouttes de pluie sur les lunettes. Je ne vois plus rien.

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  • PHOTOJOURNAL (sans photo autre que les mots)

    241106

    J’y suis résolu. Cela fait déjà six mois que nous sommes installés dans notre maison à Amsterdam, et toujours pas de laboratoire dans « la vitrine » de la maison (j’y reviendrai). C’est comme si j’étais borgne, comme si je voyais très bien d’un œil ce que je veux photographier, mais impossible de voir avec l’autre œil le résultat de mes pulsions scopiques sans passer par le laboratoire, développement & tirage argentique, sans y mettre les pattes. Je suis comme séparer de l’acte photographique, hors mi quelques bobines 120 que je charge de temps en temps dans mon Rolleiflex pour accompagner une balade improvisée dans la ville, ou simplement capturer une ombre furtive dans la maison... Ces bobines s’accumulent dans le premier tiroir de mon meuble de dentiste où j’archive alphabétiquement les négatifs de mes séances de portrait. Je ne note même plus ce que c’est, c’est tout pareil dans le D-76* : temps de base à 20° plus une minute, sauf la T-MAX 400 quand je la pousse à 1600 iso, là je note pour séparer au développement, c’est plus long. Et puis j’aime bien ne pas savoir ce que je développe jusqu’au moment où je déroule le film de sa spire en acier inoxidé, et de me souvenir alors du sujet photographié que je découvre enfin. J’aime la montée d’impatience qui s’empare de moi à ce moment, impatient de voir la suite et que la spire 6X6 suivante que je sors du rinçage me révèle une autre séance et elles sont toutes mélangées les bobines. Le pire c’est quand il faut attendre le développement d’une autre fournée pour connaître enfin la suite de l’histoire photographiée. Ces moments sont privilégiés et très intimes, alors on raconte pas tous les jours.

    J’y suis résolu. Non pas de ne pas avoir de laboratoire pour voir sur papier baryté au gélatino bromure d’argent le résultat de mon regard. Ça, j’en fais mon affaire et puis j’ai assez à faire avec la réalisation du film sténopé sur Amsterdam (et de me trouver du boulot) pour ne pas trop penser à la photographie. En revanche, cet éloignement du Roleiflex me laisse entrevoir la vision du « nouveau monde » qui m’entoure, et comment je souhaite l’aborder du regard. Ce temps de la frustration devient le temps de l’élaboration d’un désir de regard.

    J’y suis résolu. Ce temps du regard doit passer par l’écriture puisque le temps de l’image argentique est en suspend. Et puis il y a la pression de l’ami Bon qui, à presque chaque mail, me demande quand est-ce que j’alimente mon blog de mes impressions hollandaises…

    J’y suis résolu. Et je me dis qu’ici, lentement un peu chaque jour, je peux enregistrer avec les mots ce que je vois comme photographie de la ville, de ma rue, de ma maison (puisque j’ai décidé de faire de ma maison un travail photographique en permanence, mais j’y reviendrai aussi…).

    J’y suis résolu. Je m’y mets dès demain, aujourd’hui est mon dernier jour de vacance de l’œil…

    j’y suis résolu et je ne peux m’en défaire et pour ne pas antidaté l’histoire qui suit (car ça c’est passé avant hier et je ne pourrai pas la raconté demain). Je revois les jambes en coton blanc du peintre en bâtiment dans la vitrine rouge, celle de gauche, qui chorégraphient une drôle de danse d’où je l’appréhende de mon bureau au deuxième étage. C’est étrange, il est tôt le matin et déjà ce peintre qui occupe à lui tout seul l’espace de cette cabine où les femmes attendent les hommes jour et nuit. Tout est vide. Plus un seul élément de décors. Et ce blanc partout, fortement éclairé par les lumières blanches qu’il a amené, lui, le peintre dont je ne vois que le pas chassé croisé qui accompagne le mouvement de la main qui pilote le rouleau. C’est net et propre. La porte reste ouverte pour aérer et que ça sèche plus vite. Il est tôt le matin environ 8H00 et lui le peintre, il a presque fini de repeindre tout en blanc, il replie la bâche au sol, nettoie son matériel et s’en va à d’autres chantiers dans la ville…

    Quelques heures seulement après, en revenant de déjeuner, c’est de nouveau occupé par une fille dans la vitrine rouge, celle de gauche. J’imagine l’odeur de la peinture en plus à midi. Non je n’imagine rien, je suis bien trop amusé à penser à tout ce blanc fraîchement étalé à peine sec et déjà barbouiller de rouge par les néons. Il aurait bien pu peindre de suite en rouge le peintre en bâtiment ?

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