Pour les 40 ans du capcMusée de Bordeaux, Didier Arnaudet, commissaire de l'exposition "La sentinelle", m'a invité à présenter quelques portraits. J'ai sélectionné 40 portraits accompagnés de 40 textes de Didier Arnaudet & le film sténopé "Marbre".
Ici, le portrait de l'artiste Philippe Thomas comme sentinelle, photographié en 1990 pour le capcMusée...
Présentation de l'exposition
La sentinelle
Conversations, dédicaces & autres partitions
28 février – 8 décembre 2013
Le capc est né d’un désir d’écriture, d’une constante recherche de s’adresser à l’autre. Effacée, déplacée par les œuvres dans la multiplication de leur apparition et de leur inscription, l’écriture n’a jamais cessé d’être souterraine, clandestine et d’imposer une attitude, une amplitude poétique. Jean-Louis Froment l’a souligné dès les premières expositions et a activé, avec une singulière obstination, ce désir d’interroger une lecture des œuvres comme un assemblage unique de signes et de sens capable de fixer dans la durée une vision intime. La création du Musée, en 1984, a été placée sous le signe d’une prise de parole plurielle et d’une proximité sensible avec Michel Montaigne. La programmation a toujours revendiqué une forte présence d’écrivains, poètes, penseurs sollicités comme les passeurs, les sentinelles nécessaires.
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Je suis donc parti sur le principe d’écrire une exposition. J’ai convié, sous une forme à la fois incisive et ouverte, silencieuse et insistante, des figures puissantes, des voix décalées, élevées, des paroles en éveil, à l’affût, toutes inscrites dans la trame culturelle du capc comme des points de repère essentiels. Je les ai confrontées à des œuvres liées à l’histoire de ce lieu et de sa collection ou en résonance aujourd’hui avec cette histoire et mon propre parcours, et provoqué ainsi des rencontres inattendues, ramifiées, stimulées par les éclats incessants de cet inconnu qui creuse dans lequel René Char nous invite fortement à tournoyer. La nostalgie n’a pas de place dans cette proposition. Nulle envie de participer à une célébration des 40 ans du capc. Mais de faire avec ce moment particulier. Il s’agit de puiser dans cette matière, d’en prolonger les enjeux dans l’évènement d’un présent et de prendre le risque d’une expérience poétique, donc de s’exposer à l’indécision, au questionnement, à la mise à l’épreuve du regard et de la pensée, et de susciter des déplacements de frontières et de définitions.
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L’art est cette sentinelle fragile, résolue et troublante, qui ne se préoccupe pas des notions de gain ou de perte parce que son champ d’action ne se situe pas dans une graduation de compétitions et de rendements, mais opère une élasticité du sens et place les choses et les idées dans une perpétuelle situation d’apprentissage. L’exposition la convoque dans un faisceau de conversations, de dédicaces et autres partitions. Conversations comme échanges, partages n’excluant nullement la confrontation, le trouble et le court-circuit, comme mobilité de la pensée aiguillonnée par des émotions, des bifurcations et des mutations. Dédicaces comme don, offrande, comme geste poétique de l’hommage, de la reconnaissance, comme légèreté de la référence, de l’écho, comme image, vibration, épisode de langage qui accompagnent tout cadeau amoureux, réel ou projeté (Roland Barthes). Partitions comme incitation à la participation, à l’interprétation, comme possibilités d’ouvertures, de déambulations et de découvertes, comme entrée dans des protocoles du regard, du monde, de la fiction, du poème tout en faisant le pari de l’audace et de la désobéissance à ces protocoles.
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L’exposition pointe constamment un appel. Mais quel est cet appel ? Sans rapport avec la mécanique thématique, ni avec la caisse à outils et la fiche mode d’emploi, cet appel n’a pas le souci de la localisation. Insaisissable, donc jamais défini, il est d’emblée reconnu comme un point en fuite vers lequel pourtant il faut que toute l’activité se concentre. Ce qui compte, c’est de laisser de la place au visiteur, lui donner aussi le choix de la conduite à tenir et qu’il cesse de se sentir impuissant ou piégé sans pour autant lui faire croire à une généreuse complicité. Il est là pour s’engouffrer dans la moindre faille, agir à sa guise, ne pas rester étranger à la possibilité de rencontre, saisir au vol ou brutalement tourner les talons. Ce qui importe, ce n’est pas de s’en tenir à ce qui est offert, mais de parcourir des étendues à lire, à voir et à vivre, de multiplier les orientations, de changer d’avis et d’aller chercher ce qui n’est pas encore là. C’est d’être attentif à ce qui vient de loin et de s’en rapprocher sans tarder, et de prendre le déjà-là pour quelque chose qui ne peut tendre que vers l’ailleurs.
Didier Arnaudet
LA SENTINELLE
Conversations, dédicaces et autres partitions
Valério Adami
Laurie Anderson
Kader Attia
Miquel Barceló
Roland Barthes
Jean Baudrillard
Bernd et Hilla Becher
Maurice Blanchot
David Boeno
Christian Boltanski
Pierre Buraglio
Daniel Buren
Jean-Marc Bustamante
Olivier Cadiot
Robert Combas
Pascal Convert
Serge Daney
Jacques Derrida
Georges Didi-Huberman
Hubert Duprat
Richard Fauguet
Dominique Fourcade
Gilbert & George
Nan Goldin
Jean-luc Godard
Hervé Guibert
Peter Halley
Simon Hantaï
Keith Haring
Fabrice Hyber
Anne Marie Jugnet
Jannis Kounellis
Wolfgang Laib
Luc Lauras
Sherrie Levine
Richard Long
Benoit Maire
Didier Marcel
Mathieu Mercier
Mario Merz
Annette Messager
Juan Muñoz
Jean Luc Mylayne
Valère Novarina
Gina Pane
Jack Pierson
Julien Prévieux
Pascal Quignard
Younès Rahmoun
Jean Pierre Raynaud
Denis Roche
Georges Rousse
Claude Rutault
Sarkis
Jérôme Schlomoff
Richard Serra
Philippe Sollers
Jean-Paul Thibeau
Philippe Thomas
Wolfgang Tillmans
Claude Viallat
Carmelo Zagari
info capcMusée: http://www.capc-bordeaux.fr/programme/le-capc-40-ans