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Histoire de la caméra sténopé 35mm en carton



Au départ, je voulais faire des films, mais je n'avais pas de caméra. Alors, J'ai décidé de m'en construire une à partir du principe de la caméra obscura.

La carton

Cette première caméra, je l'ai faite entièrement en carton. Une simple boîte dans laquelle je mets des bobines de film photographique 35mm de 36 vues (correspondant à une durée filmée d'environ 3 secondes par bobine). L'objectif est remplacé par une fine plaque de laiton percée d'un minuscule trou. La lumière qui entre dans la chambre noire de la caméra, par ce trou, projette sur le film l'image du dehors inversée. Je laisse poser le temps nécessaire (entre 2 secondes et 4 minutes) pour chaque vue. Puis, j'avance le film d'une vue à l'aide d'une manivelle en plastique qui entraîne l'axe de la bobine. Un petit ressort, le long de la bande perforée, me permet de compter le nombre de perforation qui défile au moment où j'avance le film. Ainsi, tout les quatre "clic", je sais que je viens d'avancer d'une vue. Enfin, je développe le film négatif en procédant à une inversion physique à la lumière. J'obtiens un rush original positif. Une fois le télécinéma réalisé je fais un montage (numérique, image et son) qui sera kinescopé.



La FM35"S bi objectifs

Par la suite, j'ai trouvé à la brocante du club photo de Fleury-Mérogis, un vieux chargeur de caméra 35mm en aluminium, que j'ai acheté 15 €. Je l’ai fait modifier pour pouvoir avancer le film vue par vue manuellement. J'ai remplacé le volet qui protège le film de la lumière par une platine sur laquelle est fixée la plaque sténopé. Ce chargeur peut contenir 30 mètres de film en 35mm, soit 1 minute de film. De plus, cette caméra est bi objectif, il suffit de retourner la platine porte objectif pour gagner 3mm de distance focale, on passe d’un 50mm à un 20mm. J’ai baptisé cette caméra la Fleury-Mérogis 35mm Sténopé.

Le résultat de l'utilisation d'une telle caméra entraîne le regard vers une vision poétique du monde ainsi observé. Notre certitude, à voir le réel, est constamment remise en question. Nous ne sommes plus tout à fait certain de voir une vérité solidement ancrée dans notre mémoire.

Ce qui m'intéresse ici, c'est de travailler sur la fragilité de l'image, afin de fragiliser nos propres certitudes. Le regard cinématographique que je porte s'attache à donner une autre vision de l'humain qui arpente la ville, et de son empreinte dans des lieux qu'il a abandonné depuis longtemps, comme les friches urbaines, industrielles et les campagnes désertées. Je m’implique dans une démarche solitaire libre de mon désir de filmer tel plan. C’est dans la lenteur de ce travail que s’assemblent les fragments de poésie que nous révèle la ville. Sans cesse je pose à mon regard la question : « comment habiter la ville aujourd’hui ?»

Voir aussi Album "new york zéro zéro" film tourné avec la FM35"S



The story of the 35mm pinhole cardboard camera

At first I just wanted to make movies but I didn't have a camera so I decided to build myself one, using the concept of the camera obscura.

I made my first camera entirely out of cardboard. A simple box, in which I placed a roll of 35mm, 36 exposures photographic film (about 3 seconds of film). I replaced the lens with a sheet of brass with a minuscule hole in it. Light would enter the black box of the camera through this hole, projecting on the film an inverted image of the outside. I let the film expose to the light for an appropriate amount of time (between 2 seconds and 4 minutes) for each shot. Then I moved the film forward with a plastic handle that was attached to the axis of the roll of film. A little spring on the edge of the perforated strip of the film would let me count the number of perforations that moved as I forwarded the film. This way, every four clicks I knew I had a new still. Eventually I had this negative film developed in a process that physically inverted the light. I had an original strip of 35mm film, which I could then edit.




I later found in a second hand store, in Fleury-Mérogis, an old aluminum (charger) of 35mm film which I bought for $15. I had it altered so that I could forward the film manually, frame by frame. I replaced the shutter with the pinholed sheet of brass. This (charger) can contain 100 feet of 35-mm film. I had nomed this camera : Fleury-Mérogis 35’’S (FM35’’S).

The use of this camera produces a poetic vision of the world before us. Our certainties regarding reality are called into question. We are no longer sure whether the reality that is anchored in our memories is the one that we are seeing.

What interests me here is to explore the fragility of the image in order to weaken our certitudes. My cinematic vision offers a different image of the human who treads the city and of his imprint on the places that he has abandoned long ago such as urban and industrial fallows and the deserted countryside.

Jérôme Schlomoff.

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